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Tour savoir sur le Gypaète barbu

par | 28 avril 2020 | Faune de montagne

Planeur d’envergure qu’il nous est possible d’observer lors de nos randonnées en montagne. Oiseau majestueux au plumage magnifique à l’âge adulte, l’observation de ce magnifique vautour reste toujours comme un instant privilégié et rare.

De part ce petit texte, il en va une description vulgarisée du Gypaète.

Le Gypaète barbu qui est il ?

 

Photo : Sébastien Bédon

 

Le Phène des Alpes, le Casseur d’os. L’aigle vautour et sa barbiche noire sous sa mandibule inférieure. Gypaetus (latin) est formé de deux noms grecs : gups (vautour) et aétos (aigle). Leurs envergures pouvant atteindre jusque 3 mètres, les vautours sont les plus grands rapaces du monde. Le Vautour moine, le Vautour fauve, le Vautour percnoptère et le Gypaète barbu sont présents en Europe.

Ce dernier était présent sur tout l’arc alpin avant que les populations montagnardes ne le fasse disparaître. À une époque pas si lointaine, les gens de montagne lui accordaient une image plutôt négative, car ils le considéraient comme l’oiseau de Satan, l’oiseau diabolique, en rapport à son iris jaune et l’anneau sclérotique rouge sang à son âge adulte pouvant se dilater en cas d’excitations.

  • son poids varie entre 5 à 7 kgs,
  • son envergure varie entre 270 à 285 cm
  • sa maturité sexuelle est de 5 à 8 ans

Il peut vivre en couple ou en trio polyandrique, et de façon générale, en amont des forêts de montagnes.

Le Gypaète comporte deux sous espèces : gypaetus barbatus barbatus présent en Afrique du Nord, Asie et Europe. Son cousin quant à lui sera présent en Afrique de l’Est et Afrique du Sud et répondra sous le nom de gypaetus barbatus méridionalis.

Son rôle et sa nourriture

 

Photo Sébastien Bédon

 

Le maillon manquant de l’écosystème montagnard, ce vautour a cette particularité de se nourrir essentiellement d’os. 90% de ses repas en sont constitués. Le reste étant des lambeaux de chaires, tendons, ligaments, placenta lors de présence d’ovins.

Et oui le Gypaète se nourrit d’os. Il favorisera des zones où la présence de bouquetins, chamois et mouflons qui y auront élus domicile ainsi que les zones d’alpages pour les chèvres et moutons.

Ces secteurs de montagnes lui sont bénéfiques car nombreux sont les animaux sauvages à se faire prendre dans les avalanches.

Après les passages de Grands Corbeaux, renards voir même d’Aigles Royaux (cas de nourriture rare) le Gypaète va jouer son rôle de nettoyeur et ingurgiter les restes de carcasses grâce à son gosier élastique permettant d’avaler des os allant jusque 25 cm de longueur. Si toutefois la taille de son repas est trop grande il prendra son envol afin d’aller sur des sites rocheux appelés pierriers de cassages. Il lâchera alors son repas de plusieurs dizaines de mètres, s’éclatant ainsi sur le rocher. L’heure du casse croûte aura sonnée. Un os lui résistera : l’omoplate. Celui-ci prendra le rôle d’une feuille morte et chutera mollement dans l’air mais ne se brisera pas ou très peu au contact de la roche.

Un estomac solide, acide … pour dissoudre sa nourriture, il possède des sucs gastriques puissants. Aucune crainte puisque le PH est égal à 1.

Lieu et rythme de vie

Ambiance de gaz, cet oiseau surprenant décidera d’élire domicile dans des parois peu accessibles pour les prédateurs après quelques années de prospections à travers diverses chaînes de montagnes. La vie sauvage ne connaît pas de frontières c’est ainsi que le juvénile va partir à la découverte de sa vie.

L’âge adulte est arrivé (7 à 8 ans). Un couple s’est peut être formé depuis leur stade sub-adultes (4 à 5ans) dans l’immensité alpine.

Une cavité, une vire surplombée, suffisamment grande, permettra au jeune couple l’établissement de l’aire constituée de branchages et de laine de moutons pouvant mesurer jusqu’à 2 mètres de diamètre en fonction de la taille de la cavité ou de la vire. De 1400 à 2400m dans les Alpes, atteignant 5000 m pour les massifs Himalayens, voici les différentes amplitudes altitudinales choisies pour s’installer durablement. Un couple peut disposer de plusieurs résidences allant de 7 à 8 maximum sur un territoire assez vaste (de 100 à 750 km2 pour les massifs alpins et 300 km2 en chaîne pyrénéenne).

C’est à l’automne que le couple procédera à de magnifiques ballets aériens, poursuites, loopings (reproduction novembre décembre). La femelle pondra 2 œufs entre fin décembre et fin février.

Une cinquantaine de jours suivront, le premier poussin pointera le bout de son bec, le second sortira peu de temps après. Mais le destin sera fatal pour le deuxième si l’aîné a décidé de vivre. Lors de ce conflit fratricide (caïnisme) le plus fort vivra, généralement le premier et les adultes n’interviendront pas dans cette loterie de la vie.

Cette période coïncide parfaitement avec l’arrivée de la fonte permettant aux parents d’effectuer de nombreuses rotations pour nourrir le poussin au nid. Dés les premières fontes, les carcasses d’animaux prisent dans les avalanches, morts de faims, d’épuisements ou de maladies apparaissent.

Le poussin va se développer, se fortifier, pour devenir un Gypaète juvénile. Quatre mois se sont écoulés depuis l’éclosion, il est temps de prendre son envol. Plus ou moins hasardeux et souvent accidentel, le premier vol n’est pas extraordinaire. Le jeune va atterrir un peu plus bas, sur une vire voisine. Les parents vont continuer à le nourrir mais de moins en moins. C’est le moment de l’apprentissage, des vols planés, des atterrissages, des premiers cassages d’os.

L’automne est arrivé, les parents travaillent pour rafraîchir les aires, et un nouveau cycle va se mettre en place. Il est temps de partir et de laisser la place à la prochaine génération.

 

Les années passent, les mues se suivent mais ne se ressemblent pas

Voici les différentes phases d’évolutions établies de façons périodiques, années après années :

  • 1ère année : phase1.1 juvénile
  • 2ème année : phase1.2 jeune
  • 3ème année : phase 2.1 immature
  • 4ème année : phase 2.2 sub-adulte
  • 5ème et 6ème année : phase 2.3 adulte imparfait
  • 7ème année : phase adulte

Lors de ces différents cycles le Gypaète va voir sa morphologie changer, des mues successives, des couleurs de plumages en constantes évolutions.

De nombreuses informations peuvent être trouvées sur les sites suivants :

D’où vient la belle couleur orangée de son poitrail ?

La coloration du plumage (de la tête, du poitrail, du ventre et de ses pattes recouvertes de plumes (culotte)) chez le Barbatus Barbatus, apparaît blanche, chez les individus résidant en Corse (très peu de sources ferrugineuses), mais nous apparaît rouge rouille orangée chez les Gypaètes alpins et pyrénéens. Il doit cette superbe couleur à des bains pris dans des sources contenant des boues ferrugineuses.

Différentes hypothèses partagent l’avis des experts du Barbatus : signe de territorialité de l’oiseau sur des plus jeunes ou des adultes, protection contre l’usure du plumage, protection contre les parasites, thermorégulation. La première semblerait exacte après de nombreuses observations effectuées dans les Pyrénées.

La disparition du Phène dans les Alpes

La dernière reproduction naturelle dans les Alpes daterait de 1910, et la dernière observation en 1930. Le Gypaète a subi bons nombres de persécutions, de captures, de tirs, d’empoisonnements, ce qui l’a conduit vers une fin et une disparition tragique. Les gens de montagnes lui on donné une image plutôt négative à l’époque, ainsi qu’une réputation faussée. Ce rapace n’attaque pas mais on lui attribuait une image de kidnappeur d’enfants, de chevreaux, d’agneaux, de moutons …

D’un naturel curieux, ce fabuleux planeur passait non loin des randonneurs et bergers. La sclérotique (anneau rouge entourant l’iris pouvait se dilater en cas d’excitation par exemple) impressionnait probablement les sujets l’observant avec frayeur et crainte, lui délivrant alors une image d’oiseau du Diable, oiseau de Satan. Les croyances de l’époque étaient ancrées, ajoutons un poil de religion là dessus pour faire disparaître l’oiseau. Il va sans dire que le problème à cette époque fut simplement un manque de communication, de sensibilisation et d’information à l’égard du Gypaète.

Une reproduction avant la réintroduction

Les premières tentatives ne datent pas d’hier puisque les premiers essais réalisés en captivité eurent lieu de 1915 à 1926 à Sofia (Bulgarie). Ces reproductions eurent lieux au zoo du même nom. D’autres entreprises furent effectuées à Berlin en 1942 ainsi qu’au zoo de Zürich de 1943 à 1946. Il fallut attendre une trentaine d’années (1974 – 1975) avant de constater de nouvelles reproductions positives au zoo alpin d’Innsbruck (Autriche). Celles-ci vont donc servir de références méthodologiques pour les autres partenaires de ce programme européens.

Le programme LIFE (L’Instrument Financier pour l’Environnement) fut lancé en 1992. Nombreux acteurs environnementaux et financiers participent à ce projet d’envergure internationale pour la réintroduction du Gypaète.

https://www.gypaete-barbu.com/

Il va sans dire que l’observation de l’oiseau reste toujours un moment inoubliable quand il s’offre à nos yeux. Surtout que 3 couples seulement sont installés en Haute-Savoie, dans les massifs du Bargy, des Aravis et du Haut-Giffre. Au vu de la taille de son territoire il est cependant possible de l’apercevoir sur le Tour du Mont-Blanc ou dans les vallées alpines proches.

Pour sa réintroduction de nombreux facteurs doivent être au rendez vous afin d’obtenir des résultats positifs.

En voici quelques exemples :

  • L’étude de la présence de l’espèce avant sa disparition sur différentes zones géographiques par le bief de la littérature et d’échanges avec les Gens de Terroirs.
  • Le milieu : une géomorphologie appropriée implique des zones montagnardes comportant des cavités, des vires suffisamment protégées contre des conditions météorologiques difficiles mais aussi contre de potentiels prédateurs.
  • Comme expliquée un peu plus haut, la présence d’une faune sur des secteurs définis reste primordiale. Ongulés domestiques( chèvres, moutons) ainsi que les ongulés sauvages( bouquetins, chamois, mouflons) favoriseront de choix des emplacements de réintroductions.
  • Un territoire d’une superficie à taille de Gypaète lui permettra de bonne chance de longévité.

Quelques chiffres :

En 2018, la population dite théorique était de 376 individus. Le nombre d’oiseaux réintroduits de 1986 à 2017 est de 217. 204 jeunes gypaètes ont pris leur envole en nature. 45 furent retrouvés morts.

Sur cette vaste étendue que représente l’Arc Alpin l’observation de gypaètes barbus n’est pas chose commune si vous êtes juste de passage …

En Haute Savoie un centre d’élevage unique en France (https://www.gypaete-barbu.com/4/le-centre-d-elevage/15/le-centre-de-haute-savoie.html) permet de donner naissances aux oiseaux qui seront relâchés par la suite.

Ce petit article vous permettra d’aller chercher d’autres informations sur les différents liens, revue et livre proposés afin d’élargir vos connaissances sur le Gypaète.

” A bientôt sur les sentiers de montagnes, ici ou ailleurs, avec ce secret espoir d’observer ensemble le Phène des Alpes avec l’aide de la marmotte … Et oui, lorsque l’on marche nos yeux se portent vers la sente sur laquelle nous progressons, mais la nature est bien faite car la Sentinelle Marmotte sera en poste d’observation afin de prévenir ses congénères de l’arrivée inquiétante de son prédateur aérien qui est l’Aigle Royal. D’un cri puissant et unique (et non pas d’un sifflement) la Marmotta marmotta signalera la présence d’un danger, mais il se peut que celui-ci soit inoffensif, puisque ce sera un Gypaète…peut être… “

Sources : https://www.gypaete-barbu.com/ ,http://www.cen-haute-savoie.org/

Revue : Le Gypaète barbu dans les Alpes (LIFE)

Livre : les sentiers du naturaliste, le Gypaète barbu. Jean François Terrasse Edition Delachaux et Niestlé

 


Nous espérons que cet article vous a plu et vous donnera envie de randonner sur les sentiers du Pays du Mont-Blanc à la recherche du Gypaète barbu 🙂

Si vous avez une question ou une remarque, laissez-nous un commentaire ou envoyez-nous un message, nous serons ravis d’échanger.

 

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